Au dix-neuvième siècle, si un militaire se doit d'être exemplaire, un militaire juif se doit d'être irréprochable, et le capitaine Alfred Dreyfus en fera l'expérience dramatique malgré son exemplarité. L'affaire commence en 1894 par la suspicion de livraison de documents secrets à l'Allemagne par le capitaine juif Dreyfus, réservé donc secret, de surcroit originaire d'Alsace, une région injustement annexée par les allemands. Toutes ces informations concordantes sont rapidement traitées par les services militaires. Un juif né dans une région annexée par l'Allemagne dont l'écriture ressemble à celle du bordereau révélant l'existence d'un traître dans l'armée française ne peut-être que coupable, et Dreyfus est condamné à la dégradation de son titre militaire et à la déportation à l'île du Diable en Guyanne.

La nomination de Marie-Georges Picquart en tant que nouveau chef du service de renseignement militaire change la donne. Celui-ci est persuadé, à juste titre, que le vrai coupable est Ferdinand Walsin Esterhazy, un officier militaire criblé de dettes et souhaitant se refaire une santé financière avec des activités d'espionnage au service de l'Allemagne. Picquart alerte ses supérieurs, mais ceux-ci ne peuvent plus se contredire devant l'opinion publique et vont jusqu'à condamner le chef du renseignement à onze mois de prison pour étouffer cette dramatique bavure. L'affaire est aussi relayée par Emile Zola avec sa lettre "J'accuse" publiée dans le journal l'Aurore, mais là encore, la justice refuse de reconnaître son erreur et condamne l'écrivain à un an de prison et trois mille francs d'amende pour diffamation.

C'est alors qu'un nouvel élément fait avancer l'affaire. Le colonel Henri, jaloux de la nomination de Picquart au poste de chef du renseignement militaire, reconnaît finalement avoir produit des faux en écriture pour accréditer la thèse de la responsabilité de Dreyfus. Henri est arrêté, emprisonné..., et retrouvé  mort le lendemain. Un deuxième procès ramène la peine infligée à Dreyfus à dix ans de rétention, et celui-ci obtient la grâce du président de la république Emile Loubet. A ce stade, la justice n'a as encore reconnu officiellement son erreur, mais ce sera chose faite le 12 juillet 1906 avec un arrêté qui stipule que "C'est par erreur et à tort que cette condamnation a été prononcée". Alfred Dreyfus a alors passé plus de quatre ans dans diverses prisons.

Cette affaire judiciaire à révélé au grand jour le racisme et l'antisémitisme au sein de l'armée et des politiques, associés à un nationalisme rejetant l'étranger et les religions minoritaires. Quarante ans plus tard, les événements prouvent avec la deuxième guerre mondiale que rien n'a changé. 

Les dates ci-dessous décrivent la chronologie de l'Affaire Dreyfus, ainsi que quelques prolongements cinématographiques.